De la ville durable à la ville habitable : Expériences de participation instituée et dynamiques collectives autonomes à l'épreuve de l'écologie

Dans cette recherche, nous avons proposé d'examiner comment la politique et l'écologie sont mises à l'épreuve de grands chantiers de transformations urbaines résultant de la mise en œuvre de la « ville durable ». Elle montre notamment comment ces reconfigurations de la politique et de l'écologie engagent de nouveaux rapports aux territoires et donc une redéfinition de ceux-ci. Plus loin, nous aimerions faire valoir que ce qui est ici remis en jeu est la possibilité même de continuer à habiter une ville en chantier et, à terme, une « ville durable ». Pour ce faire, nous nous intéressons à la manière dont des collectifs se créent en résistance à ces politiques, dites « environnementales », à Barcelone, Montreuil et Toulouse. Ce qui retient chaque fois notre attention, c'est que la critique de ces politiques n'est au cœur ni de l'émergence de ces collectifs, ni de leurs actions. Leur perspective n'est pas (en tout cas pas d'abord), celle de la dénonciation de la « ville durable » et de ses méfaits depuis une extériorité ou depuis une position de surplomb. Ce qui frappe c'est qu'il s'agit bien plutôt pour ces collectifs d'opposer à la « ville durable » d'autres manières de faire et d'habiter, à l'endroit même où ces politiques viennent se déployer, et que cette opposition en passe moins par l'élaboration d'une critique désincarnée que par l'expérimentation d'autres formes de vie. La critique n'est certainement pas absente, mais elle est en prise avec des territoires redéfinis en lieux habitables, en milieux de vie. Nous faisons l'hypothèse que ce changement de focale – de la critique au déploiement d'expériences locales et collectives – se traduit par une requalification écologique2 de la politique. Nous nous efforcerons ainsi de dégager les caractéristiques d'une politique que nous avons d'abord appelée « politique de plein air ». Nous prendrons alors la mesure de sa charge proprement écologique avant de nous demander enfin quelles sont les conditions par lesquelles cette écologie politique peut persister.

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